Mon Top 30 des films de 2019

Mon Top 30 des films de 2019

Fin d'une année, fin d'une décennie. Retour en images, en textes, en sensations et en émotions sur la cuvée cinéma 2019. D'Hamaguchi à Eggers, en passant par Gray et Llinas. Lire plus

Les Misérables

Les Misérables

Vrai-faux La Haine 2019, ce film de son époque est aussi un essai éminement philosophique sur un sujet sociétal majeur : le pouvoir d'une image et ses conséquences. Lire plus

The Irishman

The Irishman

Des gangsters, De Niro, Pesci, Pacino, une durée gargantuesque et un budget encore plus énorme : The Irishman avait des airs de film ultime pour Scorsese - où est-il justement un peu plus que ça ? Lire plus

The Lighthouse

The Lighthouse

Tour de force technique avant tout, The Lighthouse avait sû générer de forces attentes : le buzz passé, le résultat vaut-il un peu plus que le tour de passe-passe égocentrique ? Lire Plus

vendredi 14 avril 2017

Commentaire de la sélection officielle en compétition de Cannes 2017


La sélection 2017 de Cannes a été annoncée, et avec elle son lot de surprises, déceptions, et réjouissances. Si la liste de l'an dernier, en apparence bien molle, avait finalement été l'une des meilleures depuis vingt ans, ce crû 2017 semble bien flou avec de nombreux cinéastes imprévisibles en compétition, ainsi que de nombreuses évolutions historiques à marquer d'une pierre blanche (séries télé, productions Netflix, films en réalité virtuelle...). Plutôt que de commenter l'entièreté de la sélection, on se concentrera ici sur la sélection officielle en compétition. Pourtant, ailleurs, quelques petites remarques que l'on peut se permettre de faire ici : l'enthousiasme d'un nouveau Desplechin (hors compétition), de deux Hong Sang-soo (un en compétition, un en Séances spéciales), un Cantet, un K. Kurosawa, la surprise du dernier Miike qui a l'air bien kitsch, mais aussi de quoi se délecter pour les amateurs de documentaires avec Lanzmann, Depardon et Varda. Petit panorama donc des films concourant pour la Palme d'Or 2017. Comme d'habitude, liste sujette à modification si des ajouts venaient à se faire d'ici à mi-mai.


Oasis au milieu du désert depuis les années 90 au milieu de la scène cinématographique allemande, Fatih Akin était effectivement l’un des seuls réalisateurs d’outre-rhin à construire une filmographie dense et cohérente, les rares grands films étant venus d’Allemagne depuis vingt ans étant très généralement des one shots de cinéastes étant ensuite retombés dans l’anonymat (Wolfgang Becker avec Goodbye Lenin!, Florian Henckel von Donnersmarck avec La Vie des autres, Olivier Hirschbiegel avec La Chute). Depuis le plaisant Soul Kitchen, difficile pourtant pour Akin de retrouver sa gloire passée, enchaînant des sorties discrètes et des films médiocres. Dans In the Fade, il met en scène la splendide Diane Kruger – mais est-ce suffisant pour nous redonner espoir ?
~~ Attente : 


Fils spirituel de Woody Allen et alternative solide à Wes Anderson et Judd Apatow, Noah Baumbach sillonne depuis maintenant vingt ans le cinéma indépendant américain. Si Les Berkman se séparent avaient révélé un cinéaste tendre, légèrement trublion, aux obsessions marquées, c’est surtout les excellents Greenberg et Frances Ha qui avaient fait de Baumbach l’un des piliers de l’indé US. Mais ses deux dernières réalisations (le prévisible mais sympathique While We’re Young et le maladroit Mistress America) en avaient déçu plus d’un, The Meyerowitz Stories pourrait être le film du grand retour : Hoffman, Stiller, Thompson et même un surprenant Adam Sandler au casting, le tout pour explorer à nouveau le portrait de famille à la Tenenbaum ou à la Berkman. Événement historique également : avec Okja de Bong Joon-ho, The Meyerowitz Stories est le premier film produit par une plateforme de streaming (ici Netflix) sélectionné en compétition à Cannes.
~~ Attente : 


Un nouveau film de Bong Joon-ho est toujours un évènement. Le réalisateur de Memories of Murder est non seulement le meilleur metteur en scène en activité du prolifique et passionnant Hallyuwood, il est aussi l’un des réalisateurs les plus talentueux des quinze dernières années tous pays confondus. Quatre ans après le magistral Snowpiercer, le revoilà avec une nouvelle coproduction internationale réunissant à nouveau un casting des quatre coins du monde : Okja, qui sera diffusé par Netflix en Occident, semble être une réponse à The Host. Un peu comme un certain Spielberg avec E.T. et La Guerre des Mondes, Bong redistribue les cartes d’un genre qu’il avait déjà exploré pour livrer un nouveau long-métrage qu’on espère aussi inventif que ses précédents.
~~ Attente♥♥


Très remarqué pour ses deux premières réalisations très espacées dans le temps (Les Revenants en 2004 et Eastern Boys en 2013), Robin Campillo (monteur attitré de Laurent Cantet et scénariste d’un certain nombre de ses films) s’intéresse cette fois aux premières années d’Act Up-Paris, association de lutte contre le SIDA très active dans les années 90. Figure peu exposée du cinéma d’auteur hexagonal, son 120 battements par minute pourrait néanmoins créer la surprise – Eastern Boys avait déjà, il y a quatre ans, reçu les éloges de la critique.
~~ Attente : ♥♥


Si les derniers films de Sofia Coppola semblent bien loin des réussites de Lost in Translation, Virgin Suicides ou encore Marie-Antoinette, c’est un toujours un plaisir de retrouver la nouvelle réalisation de l’une des « filles de » les plus follement originales des vingt dernières années. Si on omet un instant le casting enthousiasmant (Farrell, Kidman, Dunst, Elle Fanning), les premières images de Les Proies promettent de complètement dérider le genre dans lequel il s’inscrit, qui rappelle étrangement Mademoiselle de Park Chan-wook, mais qui pourrait également réussir là où Crimson Peak de Del Toro avait échoué : redonner vie à une esthétique gothique léchée, tamisée, presque hors du temps, entre les productions Hammer et les meilleurs Bergman.
~~ Attente♥♥


Discrètement mais surement, Jacques Doillon serpente la scène du cinéma français dans l’ombre, revenant de temps à autres dans la lumière l’espace d’une réalisation. En compétition cannoise, sa dernière sélection remonte à 1984. Depuis, quelques présences en festivals divers et quelques renaissances éparses (Ponette, Le Jeune Werther, Mes séances de lutte) auront rythmé son œuvre, mais ce Rodin, où il collabore avec un Vincent Lindon au sommet de sa carrière pour un biopic du célèbre sculpteur. Même s’il reste tôt pour se prononcer (Doillon n’est pas fait pour tout le monde), Rodin est un sérieux prétendant au prix d’interprétation masculine.
~~ Attente


Après l’abandon du projet Flashmob (dont le titre et le synopsis en avait pourtant surpris plus d’un), Haneke est de retour et c’est un événement. Ses deux dernières sélections (Le Ruban Blanc en 2009 et Amour en 2012) ont chacune abouti à une Palme d’or. Le réalisateur autrichien, lui, est l’un des plus talentueux de sa génération. Ce nouveau film réunit Huppert (décidemment partout), Kassovitz, Trintignant et Toby Jones et est d’ores et déjà l’un des plus sérieux prétendants à la récompense suprême. Impatience pour ce qui est décrit comme un « instantané » d’une famille bourgeoise : avec Huppert au casting, on pense évidemment à Elle, mais Haneke ne ressemble à aucun autre.
~~ Attente♥♥


Absent des écrans pendant presque dix ans avant le monumental Carol (sorti l’an dernier), Todd Haynes est cette fois bien relancé. Le réalisateur de I’m Not There et Loin du paradis, pilier du cinéma américain contemporain, sort cette année Wonderstruck, drame sur la surdité prenant place pendant deux époques. Si l’on n’en sait pour l’instant très peu, nul doute que l’on peut en attendre beaucoup : metteur en scène d’exception, Haynes est indéniablement une valeur sûre. 
~~ Attente : ♥♥


L’après-The Artist a été assez compliqué pour Hazanavicius : les échecs critiques successifs de Les Infidèles (dont son segment était pourtant une petite merveille) et de The Search ont réussi à le faire tomber du trône sur lequel il s’était installé après son Oscar. Le Redoutable, sur le papier, est en tout cas un projet tout aussi farfelu que pouvaient l’être OSS 117, La Classe Américaine ou même The Artist : un biopic du cinéaste Jean-Luc Godard et de son fantasme sur la jeune Anne Wiazemsky. Avec, en tête d’affiche, deux des stars du cinéma français faisant le moins l’unanimité auprès de la communauté cinéphile (Louis Garrel et Stacy Martin). Juste assez pour attiser notre curiosité et laisser penser qu’Hazanavicius en a encore sous la pédale.
~~ Attente♥♥


Combien de temps faut-il à Hong Sang-soo pour penser, écrire, tourner et monter un film ? Sur la Croisette, l’an dernier, il en tournait d’ailleurs un avec Isabelle Huppert le temps du festival (La Caméra de Claire, présenté cette année aussi sur le Festival lors des Séances spéciales). En attendant également On the Beach at Night Alone, présenté à la Berlinale il y a quelques semaines, voici The Day After, qui sera donc l’un des trois films du plus français des réalisateurs sud-coréen sortant en 2017. Après plusieurs très bonnes réalisations successives (les excellents Yourself and Yours et Un jour avec, un jour sans, les discret mais puissants Hill of Freedom et Haewon et les hommes), on part donc très confiant pour un long-métrage qui citera, comme à l’accoutumé, Rohmer et Ozu sans se le cacher. Nul doute que la présence de Kim Min-hee, révélation du jouissif Mademoiselle de Park Chan-wook, qui collabore pour quatrième fois en deux ans avec Hong, a aussi de quoi nous donner de l’espoir.
~~ Attente♥♥


Après un soporifique Still the Water aux sonorités très truffautiennes, on avait retrouvé Naomi Kawase il y a un an tout juste avec Les Délices de Tokyo, sorte de feel-good movie à la sensibilité toute nippone qui s’était instantanément classé comme l’un des meilleurs films de sa réalisatrice, même si très différent de ce à quoi elle nous avait habitué. Vers la lumière, sa nouvelle réalisation, sera une romance où on retrouvera de nouveau le très bon Masatoshi Nagase. Seul représentant japonais de cette sélection très occidentale, on peut s’attendre au pire comme au meilleur de la part d’une metteuse en scène dont la filmographie a toujours été, qualitativement, une succession de Monts Fuji.
~~ Attente


Même si les plus fidèles reconnaîtront Lanthimos pour le brûlant Canines (sorte de sous-Haneke très ennuyant), c’est pourtant le brillant The Lobster qui l’avait révélé auprès du grand public, en 2015. Ici encore, le thriller rencontre le fantastique et l’allégorie, et les attentes sont grandes. Surtout que Colin Farrell, déjà star du précédent, est ici rejoint par Nicole Kidman : avec ce titre à rallonge et un nom grandissant d’un certain cinéma anglophone marginal dont on manquait tant, il ne fait nul doute qu’on sera dans la salle à sa sortie.
~~ Attente : 


Gros pavé de cette édition 2017 (2h40, rien de moins), Une femme douce est le nouveau film de l’ukrainien Sergeï Loznitsa, notamment remarqué pour Dans la brume et My Joy qui avaient tous les deux été sélectionnés en compétition officielle sur la Croisette. Trois longs-métrages, et trois quêtes de la Palme pour le cinéaste d’Europe de l’Est. Peu d’infos sur ce nouveau film pour le moment, et peu de chances apriori de figurer au palmarès, mais une surprise n’est pas à écarter.
~~ Attente : 


Même si ce n’était pas son premier film, on avait surtout découvert Kornél Mundruczó en 2014 avec le survendu mais non moins réussi White God, allégorie fantastique entre Romero et Orwell qui témoignait déjà d’une maîtrise très travaillée du cinéma de genre. La Lune de Jupiter, son nouveau film, semble continuer dans cette voix, évoquant des sujets sociétaux touchant la Hongrie et l’Europe (l’immigration) par le biais du fantastique. Dans un pays où le populisme a triomphé, cela semble être un beau symbole.
~~ Attente


On découvrait le suédois Ruben Östlund il y a un peu plus de deux ans avec le puissant Snow Therapy. Le voilà de retour avec un quatrième film, le premier en langue anglaise, et deux noms de poids au casting : Dominic West et Elisabeth Moss, deux monstres sacrés du petit écran (The Wire, The Affair et The Hour pour l'un, Mad Men, Top of the Lake et The Handmaid's Tale pour l'autre) pour un projet intriguant et obscur, ajout tardif à la compétition dont on ne sait que bien peu pour le moment.

~~ Attente : 


Aller voir un nouveau François Ozon, c’est comme jouer à pile ou face. Sorti en 2016, Frantz était sans doute possible son meilleur film depuis Huit Femmes, et nous rassurait dans les qualités du réalisateur français après un ou deux films moins réjouissants (le facile Jeune et Jolie et l’ennuyant Une nouvelle amie). Ce L’Amant double, duquel on sait très peu à part son casting (Renier, Vacth, Bisset), un vague résumé et quelques images putassières, est donc à nouveau une inconnue totale : difficile de se prononcer dessus tant qu’on n’aura pas de plus amples informations.
~~ Attente : 


Lynne Ramsay est une cinéaste rare. Il s’était écoulé huit ans entre Le Voyage de Morvern Callar et We Need to Talk About Kevin, son dernier film, sorti il y a désormais six ans. En tout cas, ce dernier demeure toujours après autant de temps l’un des meilleurs films de la décennie et l’un des plus gros tours de force que la scène indépendante américaine ait jamais livré – ironie du sort, c’était une coproduction britannique. On place donc de gros espoirs dans cette nouvelle réalisation portée par Joaquin Phoenix, film de vengeance aux accents noirs si l’on en croit son sombre pitch où il est question d’anciens marines et de réseaux de prostitution pédophile.
~~ Attente : ♥♥


La sortie l’an dernier de Mad Love in New York a beau avoir été relativement discrète, la réputation des frères Safdie (rejetons du fameux Mumblecore) les aura précédé – ou alors, Good Time serait donc une grande réussite. Film de braquage réinventé avec, dans le rôle-titre, l’ami Robert Pattinson (qui sait décidemment très bien choisir ses projets depuis l’aventure Twilight), on attend donc ce troisième long-métrage de fiction avec une curiosité non dissimulée. Une inconnue, certes, mais la possibilité d’une bonne surprise.
~~ Attente : ♥♥


En seulement quatre films, le russe Andreï Zviaguintsev, ex-disciple de Tarkovski, aura su titiller le maître. Contournant la censure du régime de Poutine de par la qualité de ses réalisations (on sait le chef d’état russe très cinéphile), il est à l’origine de Le Retour et de Leviathan, deux monuments modernes venus du froid. Si on en sait encore peu à propos de Loveless, on ne peut que prédire qu’il sera l’un des gros morceaux de ce cru cannois 2017 – et même de l’année cinéma.
~~ Attente : ♥♥

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